Le peuplement permanent de la Basse-Côte-Nord du Saint-Laurent : 1820-1900

Ce travail retrace l'histoire de la sédentarisation des communautés de la Basse-Côte-Nord du Saint-Laurent (ou Labrador québécois) qui s'échelonnent de Kégashka à Blanc-Sablon. Quelques auteurs (Huard,Rochette, Rouillard, Blanchard, Bussière) ont abordé cette question dans leurs écrits mai...

Full description

Bibliographic Details
Published in:Recherches sociographiques
Main Author: Charest, Paul
Format: Text
Language:French
Published: Département de sociologie, Faculté des sciences sociales, Université Laval 1970
Subjects:
Online Access:http://id.erudit.org/iderudit/055480ar
https://doi.org/10.7202/055480ar
Description
Summary:Ce travail retrace l'histoire de la sédentarisation des communautés de la Basse-Côte-Nord du Saint-Laurent (ou Labrador québécois) qui s'échelonnent de Kégashka à Blanc-Sablon. Quelques auteurs (Huard,Rochette, Rouillard, Blanchard, Bussière) ont abordé cette question dans leurs écrits mais de façon incomplète et sans cette perspective globale qui est la nôtre. II convient d'abord de justifier la période retenue, soit 1820-1900.L'année 1820 marque la dissolution de la Labrador Company qui détenait le monopole des droits de pêche sur la majorité des postes de l'actuelle Basse-Côte-Nord, à l'exception de ceux de Saint-Paul - Bonne-Espérance et de Bradore (2: pp. 8, 52, 58).3 Avant cette date, du temps des Anglais comme du temps des Français, les postes de pêche de cette partie de la Côte furent exploités par une population plus ou moins nomade, même si certains d'entre eux, comme celui de Bradore (Fort Ponchartrain), furent exploités de façon continue par les mêmes concessionnaires pendant une cinquantaine d'années (entre 1706 et 1760). Il ne reste aujourd'hui aucun descendant de ces pionniers français. A partir de 1820 la Basse-Côte-Nord fut ouverte au peuplement. Par ailleurs, on peut considérer que le tournant du siècle représente la fin de la période de l'immigration, l'ensemble des familles colonisatrices étant déjà sur place dans les différentes communautés de la Côte. Ce sont ces éléments souches qui ont permis l'accroissement naturel de la région.Les données utilisées pour cette reconstruction historique sont relativement abondantes et se répartissent en trois types : des documents publiés, des données provenant du dépouillement des registres paroissiaux, et des données provenant d'entrevues dirigées.La plupart des sources écrites sont des récits de voyages effectués sur la Côte pour des motifs variés et qui représentent des documents de première main sur l'histoire et le peuplement de cette région à différentes périodes. Les rapports du capitaine Fortin sont tout à fait remarquables à ce sujet et ils constituent la documentation de base de l'exposé. Le dépouillement des registres paroissiaux fut effectué dans les plus anciennes missions de la Basse-Côte-Nord, soit Blanc-Sablon (registres depuis 1849) Natashquan (depuis 1861) et Harrington Harbour (depuis 1873). Les registres de ces trois missions contiennent les données complètes jusqu'en 1900 pour tous les postes du territoire qui nous intéresse. Ces données brutes servirent principalement à l'analyse démographique et à la constitution des généalogies, mais elles fournirent aussi des renseignements sur les lieux d'origine de certaines familles.Les entrevues portent principalement sur l'histoire et les généalogies et ont été conduites par l'auteur à l'occasion de deux séjours sur la Côte en 1965 et en 1967 et par les autres chercheurs qui ont travaillé sur le terrain depuis 1965. À partir de ces documents, on a pu découvrir les dates exactes ou approximatives de l'établissement des postes de pêche, les noms des pionniers qui les ont fondés ainsi que leurs lieux d'origine. Il a été possible aussi de reconstituer dans une certaine mesure l'évolution de ces premières populations, leurs migrations internes et externes, ainsi que leurs types d'activités économiques et leurs conditions de vie. Par ailleurs, il est tenu compte du contexte économique et social des sociétés québécoise et terre-neuvienne du temps de ces pionniers, de façon à déceler les circonstances qui ont amené ces populations à venir s'installer sur des côtes « inhospitalières». Lors de son premier voyage, Cartier n'a-t-il pas baptisé le littoral du Labrador du nom de « Terre de Caïn ». La période étudiée se découpe en trois tranches de temps qui semblent particulièrement significatives :A. 1820-1840: période des pionniers; B. 1840-1860: période de peuplement canadien-français; C. 1860-1900: période de peuplement terre-neuvien et de consolidation. Pour éviter les découpages arbitraires, les limites retenues sont des décennies et non des années précises. De cette façon la réalité historique est mieux respectée: les périodes A et B, B et C se chevauchent mutuellement, s'engendrent et se continuent.