Réparer l’oubli en suscitant l’empathie

Si les études autochtones sont marquées par la visibilité grandissante de certain.e.s poètes et écrivain.e.s des Premières Nations au Canada, il est possible de repérer des innovations esthétiques qui, au-delà de la poésie et du roman, intègrent de manière plus forte le point de vue des destinataire...

Full description

Bibliographic Details
Published in:ALTERNATIVE FRANCOPHONE
Main Author: Christophe Premat
Format: Article in Journal/Newspaper
Language:English
French
Published: University of Alberta 2023
Subjects:
H
Online Access:https://doi.org/10.29173/af29491
https://doaj.org/article/f47e96a748974a12b5aa4420be78983b
Description
Summary:Si les études autochtones sont marquées par la visibilité grandissante de certain.e.s poètes et écrivain.e.s des Premières Nations au Canada, il est possible de repérer des innovations esthétiques qui, au-delà de la poésie et du roman, intègrent de manière plus forte le point de vue des destinataires. C’est le cas du dialogue initié par Natasha Kanapé Fontaine et de Deni Ellis Béchard évoquant le racisme et l’ignorance de l’histoire des Premières Nations dont celle de la nation innue. En s’inscrivant dans une tradition épistolaire classique, Natasha Kanapé Fontaine et Deni Ellis Béchard s’adressent à un destinataire québécois en lui proposant de reconsidérer l’histoire du Québec et du Canada en prenant en compte l’héritage de la nation innue. Cet échange de lettres prend l’allure d’une conversation vivante et est utilisée comme une forme de didactisation des débats de la Commission de vérité et réconciliation du Canada sur les abus systématiquement commis dans les pensionnats. Cette Commission a rendu son rapport en 2015 peu avant la parution de Kuei, je te salue en pointant les racines d’un racisme institutionnalisé. Si la littérature autochtone s’affirme sans aucun doute comme un acte de ”survivance” culturelle, il semble que ce dialogue soit davantage habité par la création d’une empathie. En ayant recours aux méthodes de la communication non violente, nous aimerions analyser la manière dont cette œuvre travaille sur la relation intercommunautaire au Québec dans une perspective de pédagogie interculturelle Nous nous intéresserons au péritexte éditorial, à la musicalité du dialogue fait de reprises, de refrains et de commentaires avec la découverte des dernières lettres. Quel est le contrat proposé au lecteur par les deux protagonistes pour l’emmener dans ces vingt-six lettres ? Puis, nous nous intéresserons à l’apprentissage des mots-clés de la langue innue pour correspondre et enfin aux métaphores utilisées par les deux auteurs pour frayer ce chemin de la reconnaissance. L’hypothèse que nous émettons est ...