Lettre de Jean Gaussen à Jean-François Séguier, 1779-12-16

[transcription] Monsieur, c'est avec regret que j'ai été privé pendant longtems du plaisir de recevoir de vos nouvelles, et cette privation m'a paru plus supportable par la considération que ç`auroit été dérober à la postérité le tems que vous lui consacrés si utilement, en donnant vo...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Jean Gaussen
Format: Other/Unknown Material
Language:French
Published: NAKALA - https://nakala.fr (Huma-Num - CNRS) 2021
Subjects:
Online Access:https://dx.doi.org/10.34847/nkl.2ffb4ew8
https://nakala.fr/10.34847/nkl.2ffb4ew8
Description
Summary:[transcription] Monsieur, c'est avec regret que j'ai été privé pendant longtems du plaisir de recevoir de vos nouvelles, et cette privation m'a paru plus supportable par la considération que ç`auroit été dérober à la postérité le tems que vous lui consacrés si utilement, en donnant vos soins à la conservation des précieux monumens de l'antiquité que votre ville possède. Je vois avec plaisir que les réparations de la Maison quarrée tirent à leur fin, et que vous serés plus libre à l'avenir, et je me flatte que vous voudrés bien me donner quelques uns de vos momens de loisir. Je vous suis très obligé, Monsieur, de la note que vous avés la bonté de m'envoier de la quantité de pluie tombée à Nismes. J'en ai conclu un milieu de 26 pour ces 3 lignes, en omettant les fractions, pour ces 38 années. Cette quantité est moindre que celle qui tombe à Montpellier, qu'on a calculée être de 28 p. 8 lig. 2/3. L'autre objet que je vous avois demandé pour joindre à l'article de Nismes, étoit un relevé des jours où il a pluy a eu de la pluie, de la neige, de la grêle, du tonnerre, etc. pendant les années 1748 et 1749. Je vous serois très obligé, Monsieur, si vous vouliés bien me faire faire cette note sur les Journaux de M. Baux. J'ai négligé d'en copier cette partie pendant que je l'ai eu entre les mains, parce que alors, je ne prévoiois pas que cela entreroit dans mon plan. [fol. 106v]La comparaison que vous avois prié de faire de mes thermomètres avec ceux de M. Baux n'est pas une chose nécessaire. Celles que vous avés faites cy-devant, et dont vous m'avés envoié la note prouvent que ceux de M. Baux sont bien gradués suivant la méthode de Réaumur décrite dans les Mémoires de l'acad. 1730. Je désirerois cependant que vous voulussiés bien les comparer lorsqu'ils seront vers le point de la congélation, ce point étant un des principes de graduation dans mes thermomètres. Ms Allut sont arrivés à Paris depuis environ 15 jours, et ils ont trouvé leur mère luttant contre une longue et cruelle maladie, qui l'a mise à deux doigts du tombeau. Elle commence à entrer en convalescence, mais son rétablissement ne peut qu'êtrelong. Cette circonstance empêche Scipion de répondre pour le moment à ce que vous m'avés chargé de lui dire d'obligeant. Il le fera en vous envoiant un exemplaire de traductions de Théocrite, Bion, Moschus etc. qu'il a fait imprimer à Paris. Il n'en a porté avec lui que deux ou trois exemplaires, et il en attend d'autres incessamment. Il me paroit qu'il a répandu beaucoup d'agrément dans ces traductions. Il y a joint deux morceaux de littérature angloise, sçavoir l'Epicurien tiré des Essais de Hume, et la Romance de l'hermite tirée d'un Roman intitulé, The Vicar of Wakefield. Je n'ai point entendu parler du baromètre de M. Assier Perica. Le prix de 2000 l. qu'il y met me paroit bien excessif, et ce doit être une machine fort compliquée. Celui de M. Deluc, qui est décrit dans les Recherches sur les modifications de l'atmosphère, se vend, dit-on, 18 guinées à Londres, chés un artiste formé à ces travaux [fol. 107] par M. Deluc lui-même, et cela me paroit assés cher. Il est vrai que ces baromètres indiquent avec une grande précision l'élévation du terrrain où ils sont situés. J'ignore quels peuvent être les avantages de ceux de M. Assier Perica; mais assurément il faut avoir beaucoup d'argent de reste pour faire cette dépense. Je n'ai pu trouver icy l'ouvrage de M. Pallas que vous me demandés et personne ne le connoit. Il vient de paroitre à Paris un ouvrage sur les corrections à faire au thermomètre que le P. Cotte m'a dit être rempli de bonnes choses. Je l'ai prié de me l'envoier. J'ai aussi fait venir le Voiage d'Ellis à la baie d'Hudson, traduction françoise. Il contient d'excellentes choses pour l'instruction de ceux qui cherchent le passage du Nord-Ouest; mais je n'y ai rien trouvé de relatif à l'objet pour lequel je l'ai fait venir. Le thermomètre d'Ellis se rompit avant qu'il fut arrivé au lieu où il hiverna, et il n‘a pu décrire, de même que son prédécesseur Middleton, le froid de la baye d'Hudson autrement que par ses effets. Je crois me rappeler, Monsieur, de vous avoir ouï dire que vous désiriés de voir cet ouvrage, et vous pouvés en disposer. Le P. Cotte m'a fait le plus grand éloge de l'ouvrage de M. Van Swinden qui occupe la plus grande partie du 8e vol. des Mémoires des sçavants étrangers, qui vient de paroitre. c'est, dit-il, l'ouvrage le plus sçavant et le mieux fait qu'il ait encore vu, par l'ordre qui y règne, par la manière dont le calcul de la partie expérimentale y sont traités, et surtout par le grand nombre d'observations qu'il contient, et qui sont rédigées avec un soin et une attention infinis. Vous n'avons point encore reçu icy ce volume. [fol. 107v]Ma correspondance avec M. Van Swinden, qui avoit été interrompue pendant assés longtems, à cause d'une maladie et d'un surcroit d'occupation survenus à ce sçavant, s'est reprise depuis peu, et elle a pris actuellement une tournure polémique sans que nous aions manqué ni l'un ni l'autre aux égards de l'honnêteté que les personnes qui recherchent de bonne foi la vérité ne doivent jamais perdre de vue. J'avois proposé à M. Van Swinden quelque doute sur la prétendue exactitude et la conformité tant vantée des thermom. de Fahrenheit. Je lui avois cité plusieurs passages de Boerhaave qui semblent prouver qu'il ne regardoit pas ces therm. comme parfaitement correspondans. M. Van S. m'a répondu, et m'a allégué de nouvelles preuves à l'appui de son opinion. Je suis actuellement occupé de ma réplique, et les recherches que j'ai faites à cette occasion m'ont fait voir que les évaluations que M. V. S. a données des therm. de Fahr. à esprit de vin (n° XII, XIII, XIV et XV de son tableau général de comparaison) ne sont point exactes, et qu'il s'est trompé dans les principes. Ce sçavant ne me sçaura certainement point mauvais gré de mes observations. Si je me suis trompé, il rendra justice à mes motifs, et si au contraire c'est lui qui ait commis une erreur, il a assés de candeur pour les reconnaitre, et la corriger dans une nouvelle édition J'ai l'honneur d'être avec un respectueux dévouëment, Votre très humble et très obéissant serviteur Gaussen Montpellier 16 Xbre 1779 : [personnes citées] Assier Perica, Herman Boerhaave, Jan Hendrik Van Swinden, John Ellis, Louis Cotte, Pierre Baux, Scipion Allut : [reférence bibliographique citée] Luc, Jean André de,Recherches sur les modifications de l'atmosphère, contenant l'histoire critique du baromètre et du thermomètre, un traité sur. Allut, Scipion,Nouveaux Mélanges de poésies grecques, auxquels on a joint deux morceaux de littérature angloise, Amsterdam : Ve Merkus et Paris : Mérigo. Mémoires présenté, par divers savants étrangers (à l'Académie royale des sciences), Paris, 1750-1786, 11 vol.