Summary: | Cette thèse explore la relation entre les littératures autochtones et multiculturelles du Canada. Même si les critiques littéraires examinent les littératures dites mineures de plus en plus, ces dernières sont rarement étudiées sans la présence médiatrice de la littérature canadienne considérée comme étant dominante. Afin de produire une telle analyse, cette thèse mobilise le concept d’hybridité en tant que catégorie d’analyse de texte qui, en plus de son histoire raciale et coloniale, décrit convenablement les formes d’expérimentations stylistiques que les écrivains autochtones et multiculturels emploient afin de représenter et questionner leur marginalisation. Ne voulant pas reproduire les interprétations fétichistes qui réduisent les littératures autochtones et multiculturelles à leurs représentations de concepts d’altérité, j’examine ces textes dans leurs relations avec différents discours et débats ayant marqué les études littéraires canadiennes, notamment, le long poème canadien, l’écriture des prairies canadiennes, la littérature urbaine, le multiculturalisme, et les premières nations. Ma méthode d’analyse repose sur la façon dont chaque texte étudié alimente ces catégories d’analyse littéraire tout en les modifiant radicalement. De plus, je développe un cadre conceptuel et théorique permettant l’étude de la relation entre les textes autochtones et multiculturels sans toutefois confondre ou réduire les contextes d’où proviennent ces littératures. Ma thèse et ma méthode d’analyse se concrétise par l’interprétation des textes écrits par Armand Garnet Ruffo, Suzette Mayr, Rawi Hage, et Jeannette Armstrong. Le chapitre d’introduction détaille la façon dont la relation entre les textes autochtones et multiculturels a été appréhendée jusqu’à présent. J’y élabore mon cadre théorique qui joint et réinterprète de manière critique diverses théories, dont celle du postcolonialisme, de l’hybridité, et de la mondialisation, et la façon dont ces théories se rapportent aux études littéraires canadiennes. Dans mon deuxième chapitre, j’analyse le long poème d’Armand Garnet Ruffo, Grey Owl: The Mystery of Archie Belaney, en m’attardant particulièrement aux stratégies d’expérimentations stylistiques et génériques que Ruffo développe afin de rendre le genre du long poème canadien autochtone et de questionner l’identité de Grey Owl. Mon troisième chapitre examine Venous Hum, un roman de Suzette Mayr. Ce texte remet en question la tradition de « prairie writing », le multiculturalisme canadien, et le conservatisme albertain à travers son style expérimental, son usage des métaphores et du réalisme magique. Mon quatrième chapitre interprète le roman montréalais Cockroach, de Rawi Hage, en examinant la façon dont ses unités locales, nationales, et globales rencontrent le colonialisme et contestent les discours nationaux une fois que sa critique de la mondialisation se trouve réarticulée dans une approbation des discours d’interventions humanitaires de l’occident. Mon dernier chapitre explore le roman de Jeannette Armstrong, Whispering in Shadows, afin de démontrer les limites de ma méthode d’analyse. Puisque l’hybridité sous-entend inévitablement la notion d’assimilation, son application dans le contexte de l’œuvre d’Armstrong s’avèrerait réductrice. Pour cette raison, ce chapitre utilise des concepts autochtones définis par Armstrong afin de développer une méthode de lecture non-hégémonique. Ma thèse examine donc la façon dont chaque texte déploie le concept d’hybridité pour à la fois contester et enrichir les discours critiques qui tentent de contenir ces textes. Elle contribue aux études postcoloniales de la littérature canadienne en élargissant leur champ habituel pour inclure les complexités des théories de la mondialisation, et en examinant quelles stratégies littéraires les textes autochtones et multiculturels partagent, mais mobilisent à des fins différentes. This dissertation explores the relationship between indigenous and multicultural writing in Canada. While critics have paid increasing attention to minoritized literatures, indigenous and multicultural literary strategies are seldom examined together without the mediating presence of settler or dominant Canadian literatures. In order to perform such an analysis, this dissertation deploys the concept of hybridity as a category of literary analysis that comes from a history of colonial violence, but which adequately describes the forms of stylistic experimentation which indigenous and multicultural writers use to dramatize and subvert their marginalization. In order to avoid fetishizing indigenous and multicultural texts as markers of reified “otherness,” I examine them in relation to specific discourses and debates in Canadian literary studies, such as the Canadian long poem, prairie writing, city writing, multiculturalism, and indigeneity. Methodologically, my dissertation examines how each text under discussion contributes, yet radically reconfigures and particularizes, each of these literary categories. In addition, I develop a conceptual framework through which the relationship between multicultural and indigenous texts can be approached without rehearsing the conflations that have marked Canadian literary criticism. To this end, I provide close-readings of texts by Armand Garnet Ruffo, Suzette Mayr, Rawi Hage, and Jeannette Armstrong. My introductory chapter details the manner in which the relationship between indigenous and multicultural writing has been approached in Canadian literary studies so far, and elaborates my conceptual framework through critical re-interpretations of postcolonial, globalization, and hybridity theory as they relate to the field of Canadian literary studies. In my second chapter, I analyze Armand Garnet Ruffo’s long poem Grey Owl: The Mystery of Archie Belaney. I focus on the generic and stylistic strategies Ruffo develops in order to indigenize the genre of the Canadian long poem and question Grey Owl’s identity. My third chapter examines Suzette Mayr’s Venous Hum as a text which challenges prairie writing, Canadian multiculturalism, and Albertan conservatism through stylistic experimentation, metaphor usage, and use of magic realism. In my fourth chapter, I interpret Hage’s Montreal novel Cockroach as a text whose local, national, and global scales intersect with colonialism and contest national narratives as the novel ultimately replicates Western humanitarian intervention. My final chapter explores Jeannette Armstrong’s Whispering in Shadows in order to illustrate the conceptual limits of this dissertation. Since hybridity always assumes (partial) assimilation, its application in the context of Armstrong’s work would bear coercive results. For that reason, this chapter draws on Armstrong’s definition of indigenous concepts in order to develop a non-hegemonic method of analysis. My dissertation then examines the manner in which each text mobilizes hybridity in order to challenge and supplement the critical discourses that seek to contain them. It contributes to postcolonial Canadian literary studies by opening up the field to the complexities which competing definitions of the global generate, and by examining what literary strategies indigenous and multicultural texts share, yet deploy to different ends.
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