Summary: | Les communautés inuites de la Baie d’Hudson au Nunavik (Québec) se distinguent des autres communautés autochtones par leur réappropriation des naissances depuis 1986 et par la création d’un programme de formation de sages-femmes locales. Cela a permis de mettre un terme à une longue période de transfert des femmes pour accouchement en structure hospitalière, à des kilomètres de leur village. De plus, ce programme a pour objectif de réintégrer les pratiques traditionnelles au sein d’une obstétrique moderne afin d’offrir aux femmes des services de qualité et culturellement appropriés. Le but de notre étude était d’établir si le programme de formation de sages-femmes autochtones du Nunavik a permis de concilier ces deux approches d’enseignement différentes : l’une axée sur le savoir traditionnel, et l’autre concernant les normes de qualité de soins à respecter. Une méthode de recherche qualitative a été adoptée et les données ont été recueillies à l’aide d’entrevues réalisées auprès de cinq sages-femmes inuites et de six étudiantes sages-femmes du programme de formation du Nunavik, au sein des trois villages de la Baie d’Hudson pourvus de centre de naissances. L’analyse qualitative des données ne permet pas de confirmer la réintégration du savoir traditionnel dans la pratique des sages-femmes autochtones. Les résultats révèlent, en effet, une rareté des pratiques traditionnelles connues et/ou utilisées par celles-ci (notamment l’utilisation de plantes ou de remèdes médicinaux, les postures d’accouchement, les manœuvres obstétricales, etc) en relation avec la période périnatale. Les croyances ou codes de conduite à respecter pendant la grossesse semblent bénéficier d’une meilleure transmission, mais ne font plus l’unanimité au sein des communautés. Concernant le volet de l’obstétrique moderne, le programme de formation semble conforme aux exigences actuelles occidentales, étant reconnu par l’Ordre des sages-femmes du Québec depuis septembre 2008. De plus, les sages-femmes et les étudiantes sont conscientes de la nécessité de recevoir une formation de qualité. Elles aimeraient bénéficier d’une plus grande rigueur dans l’enseignement théorique ainsi que d’une meilleure continuité du processus d’apprentissage. La difficulté retrouvée dans la mixité de l’enseignement de ces deux savoirs (traditionnel et moderne) semble donc être liée plus particulièrement au savoir traditionnel. Les sages-femmes et étudiantes inuites souhaitent protéger et promouvoir leur patrimoine culturel, mais plus dans une optique de responsabilité communautaire que dans le cadre d’un programme de formation. Une collaboration entre les volontés des communautés concernant la réintégration de ce patrimoine et la réalité actuelle de la biomédecine demeure primordiale pour continuer à garantir la sécurité et la qualité des services dispensés. The Inuit of Hudson’s Bay in Nunavik (Quebec) have distinguished themselves from other indigenous communities by re-asserting their autonomy over the care of pregnant women within their community. A strong sense of self-determination led to the abandonment of the practice of transferring pregnant women for delivery at hospitals far from their village and, in 1986, to the creation of a program to train midwives locally. In addition, this program tries to reinstate traditional practices alongside the teaching of modern obstetrics in order to offer women services which are both of high quality and culturally suitable. The aim of our study was to determine whether the training of indigenous midwives in Nunavik has helped to reconcile these two different approaches to teaching: one being the focus on traditional practices, and the other on standards of care. A qualitative research method was used with data collected by means of interviews. Respondents included five Inuit midwives from within the three Hudson’s Bay communities having local birthing centres, as well as six student midwives from the Nunavik midwifery program. Analysis of the data does not allow for confirmation of the reintegration of traditional knowledge in the practise of indigenous midwives. The results of this research reveal, in effect, a rarity of traditional practices being applied throughout the perinatal period (E.g. use of medicinal plants, positions used during delivery, various delivery manoeuvres). The beliefs or codes of conduct in respect to pregnancy seem to profit from a better transmission, but are not utilized equally within the communities. In regards to the modern obstetrics component, the program appears to be in conformity with current Western requirements, having been recognized by the Order of the Midwives of Quebec since September, 2008. Moreover, both midwives and students are conscious of the need to receive quality training in their field. They would like to profit from a greater rigor in the teaching of theory, as well as more continuity in the process of apprenticeship. The difficulty found in the teaching of these dual types of knowledge (traditional and modern) thus seems to relate more particularly to the area of traditional practices. Inuit midwives and students wish to protect and promote their cultural inheritance, but more within the perspective of community responsibility that within the framework of a training scheme. A collaboration between the wishes of the communities, concerning the rehabilitation of their cultural inheritance, and the current reality of bio-medicine, remains paramount in order to continue to guarantee the safety and the quality of the services provided.
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