La régularisation des paradigmes verbaux en franco-terre-neuvien

Cet article concerne le franco-terre-neuvien, variété de français acadien parlée dans la presqu'île de Port-au-Port à Terre-Neuve (Canada). Le corpus est constitué d'enquêtes orales, enregistrées de 1981 à 1998, auprès de 53 locuteurs natifs, tous bilingues, n'ayant pas de connaissanc...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Brasseur, Patrice
Language:French
Published: 2009
Subjects:
Online Access:http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=LS_127_0085
Description
Summary:Cet article concerne le franco-terre-neuvien, variété de français acadien parlée dans la presqu'île de Port-au-Port à Terre-Neuve (Canada). Le corpus est constitué d'enquêtes orales, enregistrées de 1981 à 1998, auprès de 53 locuteurs natifs, tous bilingues, n'ayant pas de connaissances scolaires en français, et alors âgés de plus de 40 ans. En nous appuyant sur la morphologie verbale du franco-terre-neuvien (indicatif présent, imparfait, futur et subjonctif présent), nous exposons les tentatives plus ou moins abouties de régularisation du système d'une variété de français, hors des pressions normatives, selon les perspectives théoriques de Chaudenson, Mougeon et Beniak (1993). Nous essayons d'en dégager quelques règles de fonctionnement et montrons, par exemple, que les verbes les plus courants sont aussi souvent les plus irréguliers. Cette tendance de fond qui, sous l'effet de facteurs syntaxiques et phonétiques, pourrait conduire la morphologie du franco-terre-neuvien vers un système réduit à une seule forme pour chaque temps verbal, n'élimine cependant pas les nombreuses formes singulières, dont nous essayons de rendre compte. Le polymorphisme que nous constatons chez nos locuteurs témoigne, selon nous, d'un état transitoire de l'évolution linguistique qui précède la normalisation. Cette situation résulte du maintien de stades plus anciens de la diachronie dans une variété transmise de manière strictement orale jusqu'à nos jours, et non du désordre précurseur de la mort des langues, comme pourrait aussi le laisser croire le faible nombre de locuteurs.